Fév 8, 2021
LES NOUVEAUX TRAITEMENTS CONTRE LA DMLA
La dégénérescence maculaire liée à l’âge (DMLA) constitue la première cause de perte de vision chez les plus de 50 ans. Elle affecte la partie centrale de la rétine, appelée macula – le siège de la vision centrale et de la perception des détails. Cet article vous propose de faire le point sur les traitements déjà disponibles et sur quelques-unes des innovations les plus prometteuses.
TYPES DE DMLA ET TRAITEMENTS DISPONIBLES
Il existe deux formes de DMLA : la DMLA sèche et la DMLA humide.
La DMLA sèche est la forme la plus courante. Elle concerne 80 à 90 % des personnes atteintes de la maladie. Elle est causée par un amincissement de la macula et par une détérioration de la rétine en raison d’une accumulation de petits dépôts, appelés druses. À un stade avancé, différentes parties de la rétine peuvent être endommagées. Un processus de mort cellulaire est alors enclenché. Il se traduit par l’apparition de taches aveugles dans le champ visuel du patient et par une perte de vision. C’est ce qu’on appelle une atrophie géographique. À l’heure actuelle, il n’existe aucun traitement contre la DMLA sèche. En revanche, un complément vitaminique, connu sous le nom de formule AREDS, est susceptible de freiner la progression de la maladie chez certains patients. À noter qu’une DMLA sèche peut évoluer vers une forme humide de la maladie.
La DMLA humide est moins fréquente et généralement plus grave que la DMLA sèche. Dans cette forme de DMLA, les vaisseaux sanguins à l’intérieur de la rétine se dilatent jusqu’à atteindre une taille anormale. En se rompant, ils provoquent un écoulement de liquide dans l’œil, susceptible d’induire une perte de vision. Cette perte de vision se produit en général plus précocement que dans la DMLA sèche. Il est donc important de surveiller l’évolution de la maladie et de passer des examens réguliers de la vue. Afin de traiter la DMLA humide, on injecte le plus souvent au patient un médicament anti-VEGF (c’est-à-dire destiné à bloquer l’action d’une molécule, appelée VEGF). Ces injections permettent de ralentir la croissance des vaisseaux sanguins et, dans certains cas, de préserver la vue des patients, voire de la rétablir.
NOUVEAUX TRAITEMENTS
Il y a encore une quinzaine d’années, il n’existait aucun traitement contre la DMLA. Ainsi, près de deux personnes sur trois atteintes de DMLA humide perdaient la vue dans les deux ans suivant le diagnostic de leur maladie. Les traitements anti-VEGF ont permis de réduire considérablement le taux de cécité chez les malades.
Nous vous proposons de découvrir quelques-unes des innovations thérapeutiques les plus prometteuses, aussi bien pour les DMLA sèches que pour les DMLA humides. Notez que les traitements faisant l’objet d’essais cliniques de phase I ou de phase II ne seront généralement pas disponibles avant 10 à 15 ans. Dans le cas des essais de phase III, il est possible de tabler sur une commercialisation dans les trois à cinq ans – à condition, bien sûr, que le traitement fasse preuve de son innocuité et de son efficacité!
NOUVEAUX TRAITEMENTS ANTI-VEGF
Les traitements anti-VEGF contre la DMLA humide ont connu des avancées notables. Désormais, de nombreuses recherches s’attellent à améliorer encore ces bons résultats. L’objectif des nouveaux médicaments anti-VEGF est notamment de réduire la fréquence des injections, voire de les supprimer totalement. Voici quelques-unes des pistes actuellement à l’étude.
- Des traitements anti-VEGF de nouvelle génération visant à réduire la fréquence des injections : le brolucizumab (BeovuMD) est un de ces nouveaux traitements anti-VEGF. Approuvé par Santé Canada en 2020, il permet à certains patients de ne recevoir des injections que tous les trois mois, contre toutes les quatre à six semaines jusqu’à présent. Par ailleurs, d’autres médicaments font l’objet d’essais cliniques. C’est le cas du malate de sunitinib (phase II) et du faricimab (phase III), conçus pour agir de façon plus efficace grâce au blocage simultané de plusieurs molécules à l’origine de la croissance des vaisseaux sanguins.
- Un dispositif rechargeable à libération continue visant à espacer les injections : cette technique s’appuie sur l’implantation dans l’œil d’un minuscule dispositif, destiné à libérer au fur et à mesure et en continu un médicament anti-VEGF. Il est certes plus complexe de procéder à cette implantation qu’à une injection. Cependant, une fois le dispositif inséré, les recharges sont moins invasives et moins fréquentes que les injections ordinaires. Un essai clinique de phase III est en cours afin de comparer les effets du ranibizumab (LucentisMD) lorsqu’il est injecté mensuellement et lorsqu’il est administré à l’aide d’un dispositif à libération continue rechargeable tous les six mois.
- Une thérapie génique visant à fournir un traitement anti-VEGF permanent : la thérapie génique est un traitement ponctuel qui a pour objectif d’aider l’œil à fabriquer son propre médicament anti-VEGF. Actuellement, les thérapies géniques RGX-314 (phase II) et ADVM-022 (phase I) font l’objet d’essais cliniques.
- Des gouttes ophtalmiques ou un traitement par voie orale visant à supprimer les injections : ces traitements se trouvent à un stade de développement clinique plus précoce. Le PAN-90806, un collyre anti-VEGF, a donné des résultats prometteurs lors des essais cliniques de phase I/II. Cependant, la date des essais de phase II/III n’est pas encore fixée clairement. Le X-82 est un traitement anti-VEGF par voie orale qui faisait l’objet d’un essai de phase II. Cet essai a néanmoins dû être interrompu en raison de problèmes liés à l’innocuité et à l’apparition de plusieurs effets secondaires chez les patients traités.
AUTRES TRAITEMENTS CONTRE LES DMLA SÈCHES ET HUMIDES
- Thérapie génique : une thérapie génique qui aide les cellules rétiniennes à synthétiser la protéine CD59 fait actuellement l’objet d’essais cliniques de phase I pour les DMLA sèches et de phase II pour les DMLA humides. Les scientifiques cherchent à savoir si cette protéine est capable de bloquer une réaction immunitaire excessive dans l’œil, dite « suractivation du système du complément », qui pourrait être à l’origine de la DMLA.
- Injections d’autres médicaments : les scientifiques essaient de voir s’il est possible d’injecter dans l’œil un médicament qui bloque la suractivation du système du complément, afin de ralentir la progression de la DMLA sèche. L’efficacité d’injections mensuelles ou bimestrielles d’APL-2 et de Zimura est actuellement à l’étude dans le traitement de l’atrophie géographique (essais cliniques de phase III).
- Thérapie à base de cellules souches : la thérapie à base de cellules souches a pour objectif de remplacer les cellules rétiniennes détériorées ou perdues chez des patients atteints d’une DMLA à un stade avancé. Les chercheurs évaluent notamment la possibilité de remplacer un type de cellules rétiniennes particulier – appelées cellules de l’épithélium pigmentaire rétinien (EPR) – afin de rendre la vue à des personnes souffrant d’atrophie géographique. Au moins trois essais cliniques de phase I/II sont en cours.
- Traitements par voie orale : des essais cliniques évaluent les effets de plusieurs médicaments sur la progression de la DMLA. Citons par exemple les essais en cours sur la doxycycline (phase II pour la DMLA humide), sur la metformine (phase II pour l’atrophie géographique) et sur l’ALK-001 (phase III pour l’atrophie géographique).
D’AUTRES INNOVATIONS À SUIVRE
Grâce au soutien financier de VCC, le Dr Andras Nagy de l’Institut de recherche Lunenfeld-Tanenbaum teste une approche combinant thérapie à base de cellules souches et thérapie génique. L’objectif est de voir si des cellules de l’EPR, capables de produire leur propre traitement anti-VEGF, peuvent se substituer aux cellules rétiniennes perdues chez des patients atteints d’une DMLA à un stade avancé. Ces travaux sont actuellement en phase préclinique.
Cet article donne un aperçu des principaux traitements innovants contre la DMLA, mais il n’est en aucun cas exhaustif. Il n’aborde par exemple pas le sujet des prothèses ni les nombreux autres traitements à divers stades de développement préclinique.
Si vous souffrez d’une dégénérescence maculaire liée à l’âge, consultez et téléchargez gratuitement notre fiche-conseil sur la DMLA. Elle contient de l’information utile ainsi qu’une liste de questions à poser lors du prochain rendez-vous chez votre spécialiste de la vision.
Pour toute question concernant la santé de vos yeux, n’hésitez pas à contacter notre ligne d’information par courriel à healthinfo@fightingblindness.ca ou par téléphone au 1 888 626-2995.
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